Photographier l’instant volatil
Avant de photographier la ville, je photographiais les oiseaux. Téléobjectif, longues focales, affût silencieux… Je cherchais la netteté, la précision, le comportement typique. Mes images étaient justes, mais il leur manquait l’essentiel : l’émotion.
Aujourd’hui, je marche en ville. Et les oiseaux, je ne les cherche plus : je les vois. Ils apparaissent dans le coin d’un cadre, sur un toit, dans un éclat de lumière. Ils glissent entre les lignes, se posent sur un fil, croisent un passant. Alors je m’arrête. Je déclenche. Par réflexe, par besoin, presque par tendresse.
Cette série est née de ces instants-là. Pas de performance, pas d’attente. Juste des fragments. Des silhouettes suspendues, des cohabitations silencieuses, des respirations dans l’architecture. Des instants volatils, dans tous les sens du terme : furtifs, aériens, insaisissables.
Les pigeons deviennent alors bien plus que des oiseaux : des formes, des signes, des messagers. Ils révèlent ce qui est là, mais qu’on ne voit plus. À travers eux, c’est aussi moi que je cherche. Mon regard, mes silences, mes émotions. Et ce moment où la ville, soudain, devient vivante autrement.